Si chez les Ashkénazes, la langue des inscriptions sur les stèles était, depuis le Moyen-Age, l'hébreu, on peut trouver à partir du XXe siècle des écritures latines et cyrilliques. "Les inscriptions non hébraïques se sont propagées très rapidement dans les milieux assimilés, ce qui était la manifestation d'une attitude spécifique envers la tradition et la domination antérieure des orthodoxes. La langue non hébraïque des inscriptions - allemand, polonais ou russe - était un élément indiquant les sympathies et l'origine nationales et culturelles. (…) Le yiddish a été la dernière langue à apparaître sur les pierres tombales - elle était utilisée par les partisans et les membres du parti Bund."*
Cimetière juif d'Oleszyce, tombe de Rozalia Krug (1868-1928). Si le panneau central comporte les inscriptions traditionnelles en hébreu, le nom de la défunte et ses dates sont en écriture latine et en polonais.
Deux exemples, pris dans une autre zone géographique : la Petite-Pologne, région située au Sud-Est de la Pologne
Nowy Targ
Cimetière juif de Nowy Targ, tombe datant des années 1930 : le texte du panneau central est, conformément à la tradition, en hébreu mais, hors-cadre, le nom du défunt est gravé en caractères latins et la date de son décès et son âge sont indiqués en polonais. On remarquera également que le matériau utilisé pour la stèle diffère totalement de celui que l'on peut trouver dans les cimetières de la région de Lublin ou dans les Basses Carpates : il s'agit d'un dérivé du béton.
Cimetière de Nowy Targ. Comme dans l'exemple précédent, nous trouvons à la fois un texte dans la partie centrale et dans la partie inférieure, toujours en hébreu, l'inscription traditionnelle "que son âme soit reliée au faisceau de la vie". Par contre, le nom de la défunte est en caractères latins et l'indication de son âge est mentionnée en allemand. Par ailleurs, la stèle est signée : "Wulkan Bielsku" ce qui désigne les tombes réalisées par Wulkan Salomon Leiser (1873-1935), maître artisan de Bielsko-Biala.
*Andrzej Trzciński, chapitre V, Struktura i tresc inskrypcji , op. cit. Traduction personnelle.