Construit en 1892 dans le style art nouveau par Karl Grosser (1850-1918), architecte actif en Basse-Silésie et particulièrement à Breslau. Grosser n’était pas seulement l’architecte de l’hôtel mais également son copropriétaire. Le terrain (un ancien cimetière et un monastère transformé en prison en 1817) avait été acheté conjointement avec le banquier Wallenberg Pachaly à la fin du XIXe. Il y construisirent un hôtel de luxe comptant 69 chambres, dont 21 simples, 46 doubles et 2 appartements. Les plus petites pièces avaient une superficie de 10 m2, les appartements 36 m2 ce qui semblait le comble du luxe selon les normes de l’époque. La partie grand magasin abritait la rédaction des journaux alors les plus populaires, le Berliner Tageblatt et le Handelszeitung. Le portique avec balcon au-dessus de l'entrée principale de l'hôtel n'a été ajouté qu'en 1937, afin qu'Adolf Hitler puisse y prononcer un discours en juillet 1938…
Hôtel Monopol, 1892
Grand Magasin des frères Barasch (Warenhaus Gebrüder Barasch), Rynek 31/32
Construit dans le style Sécession dans les années 1903-1904 par l’architecte Georg Schneider. Au début du XXe siècle, les frères Arthur et Georg Barasch décidèrent de faire bâtir le premier grand magasin de Wroclaw. Il devait être également le siège de la firme familiale Barasch, c’est pourquoi ils n’épargnèrent aucune dépense pour ce qui devait devenir le symbole de leur puissance. Le grand magasin, dont la superficie atteignait 8 000 m², devait séduire par sa façade unique, son aménagement intérieur et l'utilisation des dernières technologies. La façade était dominée par des fenêtres en verre et du grès silésien, du fer et du bronze utilisés pour finir les finitions. Après avoir traversé l'entrée principale, le client pénétrait dans un vaste espace intérieur couvert d'une verrière, qui s'étendait jusqu'au quatrième étage. Le décor était somptueux - il y avait du bronze, du marbre, du bois précieux et des miroirs, qui agrandissaient encore la surface du magasin. Les plus récentes technologies y étaient employées : chauffage central à vapeur, ventilation, éclairage électrique et ascenseurs… L’élément le plus étonnant étant le globe lumineux qui surmontait la tour d’angle du bâtiment. Afin d’augmenter l’espace commercial, d’importants travaux furent entrepris en 1928-30. Le plus grand changement fut la liquidation de la cour intérieure, qui occupait jusqu'à quatre étages, et la façade vitrée du côté de la Place du Marché fut remplacée par une façade droite à quatre axes. Les décorations Art nouveau et toutes les fenêtres convexes de la façade ont également été supprimées. Au profit de la fonctionnalité, le café et le jardin d'hiver ont également disparu. Au cours de la reconstruction l’un des premiers escaliers mécaniques d’Allemagne fut installé dans le magasin. Mais avant même le début de la reconstruction, le globe de verre fut frappé par la foudre et, dans l'incendie qu'il provoqua, la base qui le soutenait et ses sphinx furent détruits. Sa reconstruction fut abandonnée et la tour entière fut abaissée de 37 à 27 mètres, laissant au sommet une terrasse plate. En 1934-35, à la suite des lois antijuives, le grand magasin fut soustrait à ses propriétaires. Les années de la Seconde Guerre mondiale n’épargnèrent pas le bâtiment qui fut partiellement détruit et incendié. Le magasin fu nationalisé en 1946 et entièrement modernisé dans les années 60. Il reçut alors le nom de Feniks qu’il porte encore aujourd’hui.
Marché couvert - Hala Targowa (Markthalle Nummer 1), ulica Piaskowa 17
Construite en 1906-1908 selon le projet de Richard Plüddemann (1846-1910) et Heinrich Küster (1870-1956). Une seconde halle (Markthalle Nummer 2), quasiment identique avait également été construite par ces mêmes architectes mais, gravement endommagée en 1945, elle fut détruite en 1973. La façade nord est accentuée par deux tours, faisant référence à l'ancienne fonction défensive de ce lieu, la plus haute tour nord-ouest abritant autrefois une horloge. L'intérieur est disposé axialement et présente un plan basilical avec une nef principale orientée est-ouest, des bas-côtés des deux côtés recouverts d'un toit plat et trois bas-côtés transversaux. Dans les bas-côtés du premier étage se trouve une galerie qui entoure la nef principale. La couverture de la halle, conçue par Heinrich Küster, est soutenue dans la nef principale par des arcs paraboliques en béton armé avec un espacement des supports de 20,65 m et une hauteur supérieure à 17 m : c’est une réalisation technique pionnière à l'échelle mondiale. Le sous-sol de la salle abrite des caves pouvant atteindre 3,7 mètres de hauteur. L'extérieur du bâtiment, composé de murs en briques avec quelques détails en pierre, inspirés de la bourse d'Amsterdam de Berlage, présente des traits d'historicisme faisant référence au Moyen Âge, contraste fortement avec l'intérieur qui est entièrement moderniste.
Halle du Centenaire – Hala Stulecia (Jahrhunderthalle), ulica Wystawowa 1
Une halle de divertissement et de sport, construite en 1911-1913 dans le parc Szczytnicki selon le projet de Max Berg (1870-1947).Ce dernier fut l'architecte municipal de la ville de Breslau durant la période de 1909 à 1924 et le concepteur de l'urbanisme de la ville (1919-1920). La construction de la halle, qui est l'œuvre la plus célèbre de l’architecture moderniste de Breslau, était liée au centième anniversaire de la publication de la proclamation « À mon peuple » (An Mein Volk) de Frédéric-Guillaume III le 17 mars 1813, appelant à la résistance générale contre Napoléon Bonaparte. Il fut décidé de célébrer l'anniversaire avec une grande exposition, qu’on appela Exposition du Centenaire, présentant l'histoire et les réalisations économiques de la Silésie. Le projet de l’architecte de la ville, Max Berg, proposant une imposante salle d’exposition conçue avec une structure sans précédent, fut retenu. Au moment de sa construction, la halle était une installation unique, dotée d'un toit en béton armé avec la plus grande portée au monde - seules quelques structures en acier étaient plus grandes à cette époque. La halle mesure 42 m de haut et la coupole qui la recouvre mesure 67 m de diamètre. La largeur maximale de l'intérieur de la halle est de 95 mètres et la superficie disponible est de 14 000 m². En plus de la halle centrale, le bâtiment comprenait 56 autres salles d'exposition. Sa capacité totale était estimée à 10 000 personnes. Avant la Seconde Guerre mondiale, outre des expositions et des événements à petite échelle, la salle a également accueilli à plusieurs reprises de grands événements de masse, notamment des discours publics des principaux responsables du NSDAP, et en particulier d’Adolf Hitler. La halle a survécu à la Guerre sans connaître de graves dommages et à l’ époque de la République populaire de Pologne, hormis la suppression des ornements nazis des piliers, la pose d’un sol en béton dans les halls et l’installation d’un chauffage central, aucun changement n’a été apporté à l’architecture du bâtiment.
Grand magasin Kameleon (Kaufhaus Rudolf Petersdorff), ulica Szewska 6/7
Il a été construit en 1927-1928 selon les plans d'Erich Mendelsohn (1887-1953), sur le site d’un immeuble, en utilisant une ancienne maison de commerce. C'est le seul bâtiment de Wrocław conçu par cet architecte. Son concept innovant et son design moderne ont joué un rôle important dans le développement de l'architecture des grands magasins. En 1945, le bâtiment a été endommagé, notamment le revêtement de la façade et l'intérieur. D’importantes modifications ont été apportées au bâtiment lors de sa rénovation au début des années 60. En 2007, le magasin a subi de nombreux changements lors d’une nouvelle rénovation. Il a été construit sur une structure en acier alors innovante recouverte de béton. Bâti sur un plan carré, avec sous-sol et six étages (les deux derniers étages étaient en retrait de la façade), recouverts d'un toit plat. Il dispose de 3 escaliers, 2 ascenseurs pour les clients et 2 monte-charges. Le bâtiment présente deux façades différentes de style expressionniste : celle de la rue Szewska est plus longue, avec des divisions horizontales (murs de parapet avec corniches en laiton, revêtement en travertin du Herz et bandes de fenêtres avec menuiserie en laiton) et avec une baie vitrée arrondie et saillante, elle sert de façade représentative. La façade de la rue Oławska est dominée par des fenêtres rectangulaires régulièrement espacées. Le rez-de-chaussée de l'ensemble du bâtiment est entièrement vitré, en retrait des deux côtés et séparé par une corniche proéminente. Le design intérieur original et moderniste a été conçu par le peintre et architecte d’intérieur Heinrich Tischler (1892-1938).